Escalade et surenchère dans les pratiques publicitaires au sein du Service public de transport

Juillet 2001 (certaines des infos figurant ci-dessous ne sont plus d'actualité, notamment les coordonnées des responsables).

Plein la vue

Qui ne l'a pas remarqué ne se déplace probablement pas beaucoup: depuis quelque temps ont fait leur apparition des trams et des bus entièrement « customisés » à la gloire de diverses sociétés commerciales. Croyant sans doute que rien n'arrête le progrès, la STIB (mais aussi De Lijn et les TEC), apparemment vouée corps et âme au modernissime credo néo-libéral, impose désormais la publicité jusque sur les vitres de nos trams et bus: en plein dans la vue ! La « réclame », qui a toujours été arborée sur les flancs des véhicules, a donc subitement quitté l'espace dans lequel elle s'était jusque-là cantonnée pour envahir la totalité du support disponible, y compris l'espace vitré (parfois plus de la moitié de celui-ci), dont l'usage initial est pourtant bien de permettre aux usagers de voir ce qui se passe à l'extérieur et de se repérer sur le parcours. Si ces films autocollants sur les vitres laissent encore passer de la lumière, tous ceux qui ont voyagé assis à côté d'une fenêtre ainsi recouverte admettront sans peine que la vue… n'y est plus ce qu'elle était.

Accoutumés [1] à être perpétuellement interpellés jusque dans leur intimité par les messages commerciaux, beaucoup d'usagers de nos transports en commun se résignent face à cette surenchère, craignant probablement que ne disparaisse le Service public de transport si on devait s'en prendre à cette sponsorisation jugée inévitable. « Après tout », diront certains, « toutes les vitres ne sont pas encore recouvertes, et tous nos trams et bus ne sont pas encore touchés par ce phénomène ».

1 Avouez que si la pub disparaissait complètement de notre paysage il y aurait comme… un vide, qui pourrait probablement même créer un état de "manque" chez certains, non ?

Escalade

Qu'on y prenne garde ! Depuis toujours c'est à petit pas que notre environnement change, rendant «normal» aujourd'hui ce qui aurait fait hurler hier [2]. Les annonceurs avancent à pas feutrés, ils craignent les réactions de rejet (ce qui serait bien entendu contraire à leurs intérêts) et utilisent mille ruses pour que leur progression passe presque inaperçue (sans douleur). En effet, jamais on ne verra la STIB, De Lijn ou les TEC recouvrir d'un coup toutes les fenêtres de tous leurs véhicules, au contraire: Un ou deux trams «Miam Miam Côte d'Or» ont circulé ; puis : accalmie ; ensuite, ce sont des dizaines de trams et bus, un peu moins recouverts par toutes sortes de pub, qui ont été mis en circulation. Parfois ce n'est qu'une seule vitre qui est opacifiée. Intelligemment, on utilise aussi les films autocollants translucides pour faire de la pub à des Services (la STIB fait de la pub à la STIB) voire pour des ONG (La pub leur est carrément offerte. Quelles seront les prochaines à servir ainsi de caution à cette pratique ?). La stratégie est de toute évidence de nous mettre progressivement devant le fait accompli… et de faire taire les éventuels esprits récalcitrants en leur opposant une réplique toute faite du genre : «il n'y a pas de quoi fouetter un chat» (selon l'horrible expression !).

2 Ainsi les messages publicitaires à connotation érotique font tellement partie de notre environnement que personne ne s'en émeut plus aujourd'hui. Fort de cet acquis, les publicitaires s'essayent désormais à la pornographie qu'ils n'hésitent plus à afficher jusque dans les abris de bus.

Absence de communication

Il n'est pas facile d'en savoir plus sur les intentions des autorités en matière de publicité dans les transports en commun. Tout d'abord, dans les infrastructures de la STIB, aucun avis relatif à ce sujet n'est apparu. Pourtant, il est habituel de prévenir les usagers lorsque, par exemple, des travaux pouvant perturber le service doivent être effectués. La STIB s'excuse ainsi pour les éventuels désagréments infligés. Lorsqu'elle colle des affiches sur les vitres des trams et des bus, privant indubitablement les usagers d'un certain confort auquel ils ont toujours été habitués: rien, pas un mot d'excuses !

Nous avons cherché à en savoir plus: Où va-t-on s'arrêter ? Monterons-nous demain dans des trams "Tampax" ou des bus "Moltonel" ? Les conducteurs devront-ils se déguiser en toutou dans des trams "Royal Canin" ou en bâton de chocolat dans des bus "Côte d'Or" ? (Voir article sur Halloween) Devra-t-on subir des spots diffusés en permanence par des télés installées dans nos trams ou dans le métro ? (Voir info sur RER français [3] ). Le confort des usagers compte-t-il encore un peu au sein du Service public ?

Contact pris à la STIB, on y répond qu'un comité consultatif a été créé (par arrêté royal du gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale) dont certains membres sont issus d'associations défendant les intérêts des usagers. Ce comité aurait émis un avis favorable pour cette formule de publicité au moyen de films autocollants sur les vitres des véhicules. La STIB fait remarquer que ces films laissent passer la lumière. Par ailleurs, un sondage qui aurait été réalisé en juin dernier auprès de la clientèle bruxelloise aurait fait apparaître que la grande majorité de la clientèle ne perçoit pas ce type de publicité comme un gêne, pas plus qu'elle ne la ressent comme insécurisante.

Voilà donc la STIB déchargée de toute responsabilité, du moins le pense-t-elle.

Nous avons essayé de contacter les associations défendant les intérêts des usagers (vous trouverez leur coordonnées en fin de page), il s'agit de Monsieur Jean Loozen pour le GUTIB, Monsieur Pascal Lebrun pour le NOMO, et Monsieur Cléon Angelo pour les associations représentant les intérêts des usagers à mobilité réduite. De ce côté, on se tait en toutes les langues. Aucune réponse au courrier qui leur a été adressé fin octobre et où nous leur demandions de nous aider à faire toute la lumière sur leur avis favorable ainsi que sur le sondage de juin.

Ce 6 décembre 2001, nous avons reçu une réponse de Monsieur Cléon Angelo, dans laquelle il explique les raisons pour lesquelles l'association ne s'est pas opposée à l'application de publicités sur les vitres.

Nouveau: Ce 25 novembre 2005 nous avons reçu cette réponse du NoMo, dans laquelle le Président actuel, Monsieur Vandenburie, affirme que l'association désapprouve la publicité sur les vitres des véhicules, tout en soulignant que l'ensemble de la publicité ne rapporte que 0,445 % des recettes totales de la STIB.

Pas de succès du côté du Ministre Chabert chargé des transports en Région Bruxelloise, à qui nous demandions si cette forme de publicité est destiné à être utilisé de plus en plus fréquemment.

Comme on pouvait s'y attendre, il sera difficile de trouver des responsables clairement identifiables. L'accord nécessaire pour transformer les véhicules de nos transports publics en panneaux publicitaires roulants a bel et bien été obtenu. Il est intéressant de savoir comment, au nom de quel mystérieux progrès, et d'en tirer les leçons.

La publicité peut assurer des rentrées supplémentaires au Service public de transport (personne ne le nie), elle doit rester un appoint et sûrement pas devenir un apport essentiel et incontournable qui permet d'assurer le Service. Si tel est le cas, que la pub est bien un appoint, il n'y a aucune raison que celle-ci s'échappe tout à coup de l'espace qui lui a toujours été réservé, pour acquérir encore plus de visibilité… au détriment du confort visuel des usagers.

En matière de transport, la vue c'est essentiel !

3 Info de RAP A TOILE 22 : MÉFAITS PUBLICITAIRES: Dans certaines stations de RER, des écrans diffusant des séquences publicitaires (les mêmes que ceux déjà présents devant la tour Montparnasse) ont été installés en haut des escaliers mécaniques. Il ne s'agit plus ici d'affiches, fixant une image pour l'éternité, mais de films. Les publicités sont en mouvement et attirent le regard de chaque tirelire ambulante (puisque c'est bien de cela qu'il s'agit, toute personne voyant ces films est un consommateur potentiel) bloquée, donc réceptive, sur ces escaliers.

Rendons à notre Service public de transport une image digne de sa mission

L'image offerte par des trams et bus ainsi emballés dans de la publicité est assurément davantage celle de boites pour chat ou de canettes de bière, plutôt que l'image dynamique et attractive qui devrait être celle des transports publics, pour notamment inciter les automobilistes à les utiliser, et ainsi contribuer à diminuer la pollution atmosphérique de nos villes.

Donnant l'impression que ne se déplacent dans des trams et des bus soldés que les plus pauvres, ceux qui n'ont pas les moyens de faire autrement, l'image que la STIB donne à nos transports en commun est parfaitement opposée à celle que tous ceux et celles qui veulent promouvoir un développement durable sont en droit d'attendre.

Obligeons le mauvais génie publicitaire à retourner dans sa lampe!

Téléchargez la pétition et faites la signer autour de vous

Renvoyez-la à R.A.P., 96 rue Le Lorrain, 1080 Bruxelles.

Les pétitions peuvent également vous être envoyées.

Vous pouvez aussi télécharger la pétition et la renvoyer en annexe par courrier électronique.

N'hésitez pas à écrire aux "responsables"

Vous aurez peut-être plus de chance ! Faites nous part des réponses obtenues.

Coordonnées des personnes à contacter pour les associations défendant les intérêts des usagers au sein du comité consultatif auprès de la STIB :

  • Pour le GUTIB :

    Jean LOOZEN

    Rue Medaets 43 A

    1150 Bruxelles

  • Pour le NOMO

(plus besoin d'écrire, nous avons reçu une réponse claire, voir plus haut)

Pascal LEBRUN

Rue Goossens 39

1030 Bruxelles

  • Pour les associations représentant les intérêts des usagers à mobilité réduite

(plus besoin d'écrire, nous avons reçu une réponse claire, voir plus haut)

Cléon ANGELO

Avenue Pierre Vander Biest 70

1150 Bruxelles

Coordonnées du Ministre des Travaux publics, du Transport, de la Lutte contre l'Incendie et de l'Aide médicale urgente de la Région Bruxelles-Capitale. :

Jos CHABERT

Stéphanie I

Avenue Louise 54-b12

B-1050 Bruxelles

E.Mail : info.chabert@chabert.irisnet.be

Note 2005: le successeur du Ministre Chabert est Mr Pascal Smet.