Jupiler Blues - Communiqué

Ce dimanche 2 avril des militants de la RAP (Résistance à l'Agression Publicitaire) ont réagi à la campagne de pub d'Inbev (Jupiler) en remplaçant plusieurs affiches originales par d'autres… plus en adéquation avec la réalité. Une nouvelle action est prévue devant le site de Jupille ce vendredi 7 avril à 10h.

Action à la Bourse

Communiqué de la R.A.P.

JUPILER : Aujourd'hui, les hommes savent quand (ils sont licenciés) , mais savent-ils encore pourquoi ?

La publicité est un outil de propagande au service de l'idéologie neo-libérale. La dernière campagne de la multinationale Inbev pour sa marque Jupiler en est une nouvelle preuve.

Il y a de cela quelques semaines, Inbev (ex Interbrew) annonçait quasi simultanément, un bénéfice record de 1,024 milliard en 2005 (en hausse de 30% par rapport à 2004) et la délocalisation vers la Hongrie et la République tchèque de quelques 149 équivalents temps plein, dont 109 pour le seul site de Jupille. La multinationale annonçait par ailleurs que 52 emplois dans l'informatique seraient transférés chez un sous-traitant. Les travailleurs d'autres pays seront également touchés (Allemagne, Luxembourg,…) et c'est au total 360 suppressions d'emplois qui sont programmées avec cette restructuration qui est la quatrième imposée en un an par la multinationale.

Délocalisation, licenciements massif, voilà qui pourrait ternir quelque peu le viril écu de notre bière « nationale ».

Qu'à cela ne tienne, la pub est là pour redorer les blasons les plus blafards.

Avec seulement quelques millions de plus claqués en com Inbev fera passer la pilule d'autant plus facilement que sa nouvelle bière est moins amère. Moins d'amertume et moins d'alcool pour rafraichir les gosiers des buveurs de sodas, un nouveau marché à exploiter le temps de se refaire une santé, le temps pour que les plus lucides oublient d'associer le goût de la Jup à celui du chômage. Un temps qui ne devrait guère être bien long si on considère l'énorme infrastructure publicitaire déployée et la redoutable efficacité du conditionnement quotidien des esprits mis en œuvre par ce canal médiatique.

N'ayons plus peur des mots, aujourd'hui, devant l'ampleur du phénomène publicitaire on peut vraiment parler de propagande dans son sens commun : « Action exercée sur l'opinion pour l'amener à avoir certaines idées politiques et sociales, à soutenir une politique…».

Dans ce cas-ci, le message politique d'Inbev n'est autre que d'afficher un « air de rien » bien plus massivement que ne pourra jamais se manifester, la gronde des travailleurs injustement largués comme « trop peu compétitifs[1] » (dans une mega-entreprise qui pète le feu), ou tout sentiment de solidarité, pourtant tellement légitimes. L'opinion, elle, est amenée tout naturellement à ingérer tout ça au travers de ses lunettes consuméristes que la pub lui maintient sur la tête en permanence. Le seul acte que l'on demande à l'homme-consommateur qu'est devenu le citoyen est un acte d'achat, le seul sentiment celui de l'amour du produit. Le reste, si reste il subsiste, est littéralement noyé dans la masse des suggestions à la consommation.

L'image d'Inbev devrait donc s'améliorer encore car la machine publicitaire fonctionne très bien. Les ventes s'améliorant, la transnationale et ses actionnaires ne pourront que se féliciter de ces suppressions d'emplois.

Le problème évident est que tout ceci procède d'une vraie politique antisociale et que nos concitoyens sont beaucoup trop plongés dans une norme passive pour réagir de façon adéquate. Rien ne force les gens à accepter cette dictature du profit qui les tue à petit feu, et s'ils l'acceptent aussi facilement c'est en grande partie parce qu'ils sont soumis à cette propagande intensive nommée familièrement la pub.

R.A.P. dénonce donc cette campagne d'Inbev qui, comme tellement d'autres, a un caractère politique aussi puissant que révoltant.

R.A.P. dénonce plus encore la société « JCDucon » qui déploie progressivement et mondialement un arsenal de supports publicitaires qui défie l'entendement. Même dans les régimes les plus totalitaires un tel arsenal n'a jamais été déployé dans l'espace public.

Les acolytes de JCDucon auront beau jouer les saintes nitouches et jurer que leurs supports ne peuvent servir la chose politique (comme ils l'ont récemment fait avec les artistes St-Gillois censurés dans l'affaire des diables roses, voir : http://www.diablesroses.be/ ), ils n'en détiennent pas moins le pouvoir de mettre à disposition leur arsenal aux influences idéologiques de leur choix, un choix motivé lui aussi par la maximalisation du profit.

R.A.P a donc décidé de réagir en rendant aux publicités pour la marque Jupiler un message plus en adéquation avec la réalité sociale. Une première action a eu lieu à Molenbeek devant le site de BelleVue, à côté de la Bourse de Bruxelles et à la gare centrale.

Ce vendredi 7 avril à 10h nous remplacerons symboliquement les affiches de panneaux situés à Jupille (devant le siège administratif local de Inbev).

Vous êtes toutes et tous invités à nous rejoindre pour cette action non-violente de dénonciation de la manipulation publicitaire.

R.A.P. (Résistance à l'Agression Publicitaire)

[1] Notons qu'avec pas moins de 79.000 euros touchés en 2005 pour participer à 15 malheureux conseils d'administration d'Inbev, Jean-Luc Dehaene nous semble le moins compétitif de tous les belges, mais lui ne craint rien pour son job.

Action devant le site BelleVue (Inbev) à Molenbeek.

Description du détournement :

Le slogan sur l'affiche originale est "les hommes savent quand" (ils doivent consommer de la Jupiler Blue).

Nous avons transformé le message ainsi :

Les hommes savent quand (ils doivent boire leur C4), les actionnaires (ou la bourse) savent pourquoi (référence au slogan débile et malheureusement bien connu de Jupiler: "les hommes savent pourquoi").

Nous avons complété l'affiche qui représente un distributeur par "votre choix" et une flèche qui indique uniquement la possibilité d'appuyer sur C4, et enfin une feuille C4 qui sort du distributeur. Le chiffre -149 figurant en haut de la machine représente le nombre d'emploi sacrifié aujourd'hui sur l'autel de la maximalisation des profits.

Nous avons aussi ajouté "bière sans emploi" ou "garanti sans emplois ajoutés" ou "avec 3% d'emplois seulement".

Enfin, nous avons transformé la marque Jupiler Blue en Jupiler Blues, et collé la mention Mise en adéquation avec la réalité offerte par R.A.P. http://www.antipub.be

Nous avons veillé à ne commettre aucune destruction au beau "mobilier urbain" de JCDucon.

Images de l'action en meilleure résolution disponibles sur demande.