Vous nous écrivez, on vous répond !

Vous trouverez ci-dessous quelques courriers qui nous ont été envoyés et auxquels nous avons répondu. Nous avons retenu surtout les courriers critiques (voir après "la pub subliminale"), bien moins nombreux que les autres mais bien plus intéressants !

Bonne lecture.


Publicité subliminale, courrier posté le 6 octobre 2004

Madame, Monsieur,

Mon fils effectue un travail de fin d'année sur la publicité subliminale. Pouvez-vous m'adresser quelques infos à ce sujet. Merci. Nathalie B.

Bonjour,

je crois que la publicité subliminale est un mythe. Peut-être certains publicitaires l'ont essayé quelques fois, mais ce n'est pas vraiment utilisé. Certains cas sont rapportés comme lors de la précédente campagne présidentielle aux Etats-unis, il s'agissait d'un clip qui fit l'objet d'une plainte et retiré aussitôt.

Par contre il y a de plus en plus de publicités "clandestines" qui infestent les films. Dans "les visiteurs II" par exemple, on comptait pas moins de 62 publicités. On peut aussi dire que toute la publicité agit comme "subliminale", dans le sens où elle nous baigne dans une pensée unique, un système unique basé exclusivement sur la consommation et les valeurs néo-libérales. la publicité est de la propagande, et pour qu'une propagande soit efficace, il ne faut pas que les cibles s'en rendent compte.

Etant donné le caractère tout à fait occasionnel (vraiment rare) du phénomène, nous ne nous sommes pas intéressés à la publicité subliminale proprement dite. Elle apparaît un peu comme un "monstre du Lochness", beaucoup en parlent… mais peu l'ont vu.

Désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage, à moins que votre fils ne s'interroge sur les effets subliminaux de la publicité dans la société.

Un grand merci. On peut mieux cibler le problème. Pouvez-vous me renseigner sur les effets subliminaux de la publicité .

C'est, en fait, ce qui justifie notre combat antipublicitaire. Nous aimerions que la publicité disparaisse de l'espace public parce qu'elle agit "subliminalement" de la même manière que la propagande dans les régimes totalitaires (un environnement de pensée normalisé):

  • un seul son de cloche: seuls les plus puissants peuvent communiquer car le moindre espace de communication appartient à des sociétés commerciales qui les louent à des prix exorbitants. Les associations (ONG, etc.) sont donc mis "hors jeu" et ont de moins en moins l'occasion de communiquer. Si certaines grosses ONG peuvent encore le faire, c'est en y consacrant une part énorme de leur budget, qui pourrait certainement être utilisé plus utilement dans leur action.

Cette réalité n'apparaissant pas vraiment aux yeux de la population, la publicité agit "subliminalement" en laissant l'illusion (renforcé par la légéreté du ton qu'elle emploie) de liberté d'expression. En réalité un vrai problème de démocratie est posé.

  • Il n'y a pas d'espace prévu pour la contestation. En effet, le message publicitaire est à sens unique, les gens le recoivent mais ne peuvent le contester. Exemple: dans un spot radio on entend en ce moment VW affirmer que "la solidarité leur tient à coeur", or, dans le même temps VW est en conflit avec ses travailleurs belges, exige plus de flexibilité, le gel des salaires et parle de délocaliser. Dans ce cas, la publicité "étrangle" la contestation en cours en assénant un message diamétralement opposé à la réalité. Il n'y a pas moyen pour les ouvriers de VW de diffuser un spot immédiatement après pour dire que le message de solidarité de VW n'est qu'un trompe-l'oeil.

Un autre exemple très parlant est celui de nos amis de "Casseurs de pub" à qui les principales chaines de télévision ont refusé le droit de diffuser un clip (qu'ils voulaient bien payer au même tarif qu'une pub) à l'occasion de la "journée sans achats". Motif: le message est contraire aux intérêts des autres annonceurs. Il y a encore beaucoup d'autres exemples comme ceux là, notamment celui des riverains de l'aéroport à qui la radio (la RTBf) a refusé de diffuser leur spot d'information avec les autres pub. Nous pouvons donc considérer qu'en l'absence de possibilité de réponse (au même niveau) aux messages délivré par la publicité, celle-ci agit "subliminalement" comme si la contestation n'existait pas, ou était tout à fait marginale.

  • La publicité "normalise" les comportements. En effet, elle étale sous nos yeux des modes de vies, des valeurs, une idée du bonheur, de la réussite, de la réalisation de soi, (etc…), qui sont le reflet exact de la "mentalité" que souhaitent nous suggérer (imposer) leur principaux commanditaires, c'est à dire les multinationales.

Par le matraquage publicitaire inouï (répétition des messages) auquel sont soumis les citoyens (on parle de plus de 3000 impacts par semaines), s'installe une certaine perception de la réalité. En écrivant « Soixante-quatre mille répétitions font la vérité » (Le meilleur des mondes), Aldous Huxley attire l'attention sur ce phénomène. Chaque publicité est déclinée en différents formats et répétée des milliers de fois. Cette omniprésence donne au message un caractère "incontestable" car il est difficile de contester l'évidence (on croit ce qu'on voit). L'effet "subliminal" de la publicité est de nous faire croire aux normes qu'elle impose, en nous indiquant "ce qui est normal", en nous disant "tout le monde est comme ça". Or, rien n'est moins sûr. L'étalage de publicité "porno-chic" par exemple, ne serait (d'après les publicitaires) que le reflet de l'évolution des mentalités. Mais aucune étude ne confirme cela, il semblerait même que plus de la moitié de la population désapprouve cet étalage de sexe dans l'espace public. Malgré tout, l'effet "subliminal" de ces publicités pousse une majorité de citoyens à admettre ce phénomène comme une évolution, et (presque) plus personne ne songerait aujourd'hui à s'offusquer de voir nos enfants attendre le bus appuyé sur une pub représentant une femme en déshabillé sexy (pire que nue, comme le disait une pub), de peur d'avoir l'air ringard ou complètement largué. C'est une sorte de terrorisme: la pub joue sur la peur de ne pas faire partie de la société.

  • La pub agit "subliminalement" en réduisant toutes les dimensions humaines à la seule dimension de la consommation. Le citoyen n'est plus considéré que comme un consommateur. Elle laisse croire que notre seul intérêt est de savoir ce que nous allons consommer. Même les discours politiques se déclinent désormais sur le mode de la consommation. Les seules affiches politiques qui nous sont proposées dans l'espace public (juste le temps des élections) se résument au slogan. Jacques Séguéla (un des papes de la pub) déclarait: « L'acte électoral est un acte de consommation comme les autres » ce que plus personne ne songerait à contester aujourd'hui.

Chaque fois que l'on nous appelle consommateurs, on nous enferme dans ce qui doit être notre fonction première. Or, seuls les porcs ne sont intéressés uniquement que par ce qui se trouvent dans l'auge. En transformant progressivement l'espace public en un espace marchand, la publicité agit "subliminalement" en laissant croire que seule la consommation représente le principal centre d'intérêt de la population.

C'est bien parce que le type de société dévoué corps et âmes à la croissance et à la consommation n'est pas viable à terme (la planète a des ressources limitées, notre modèle d'organisation ne laisse pas à ces ressources le temps de se renouveler, elles s'épuisent donc), qu'il est urgent de se mobiliser pour stopper cette propagande totalitaire qu'est devenue la publicité. Le véritable danger provient du caractère "subliminal" de la publicité: elle à l'air innocente et ludique au point que peu de gens en soupçonnent le réel impact destructeur.

Bien à vous, PM, pour la coordination de R.A.P.-Belgique


de Patrick A. (8/3/05)

> VIVE LA PUBLICITE !!!!!! LA PUB C LA VIE !!!!!! LES ANTI PUB SONT DES GENS FRUSTRÉS, DES INTEGRISTES . FAUT VIVRE DANS LES MONTAGNES !.

Bonjour,

Nous apprécions beaucoup votre message et voudrions l'utiliser sur notre site pour montrer les deux côtés de l'argumentaire. Auriez-vous l'amabilité de nous accorder l'autorisation de reproduire votre prose ?


Courrier envoyé par Nicolas, le 26 juin 2003

Je trouve vos actions de plus en plus extrémiste. Je suis d'accord que la publicité est un peu trop présente mais elle permet tout de même de bonnes choses. Sachez que si votre but est de la suprimer, vous courrez à votre perte. Ne vaut-il mieux pas essayer de faire réfléchir sur la publicité, promouvoir les publicités intelligentes et non-agressive,… Comme vous l'avez compris je n'adhère plus à votre mouvement, ce qui m'avait séduit dans votre action n'y est plus. Je ne désire donc plus reçevoir vos mails. Merci

Nicolas

Réponse de RAP

Bonjour,

Vous vous êtes effectivement trompé. Chez nous, vous êtes au services des "soins intensifs": les urgences. Nous ne sommes pas en mesure de faire dans le détail, on pare au plus pressé.

Pour vos besoins nous vous conseillons de vous adresser au service "chirurgie plastique", dans le même hopital.

Meilleures salutations,

Philippe Mazy, pour la coordination du service.


Courrier envoyé par Louis Quatorze, le 16 septembre 2003

Bonjour,

je parcours votre site depuis quelques minutes et viens vous faire part de quelques remarques dont vous jugerez le bien-fondé. Avant tout, il est sans doute utile que je vous précise mon emploi de "copy" dans une agence de publicité reconnue sur la scène internationale, j'espère donc que vous verrez dans les lignes qui viennent un avis sinon éclairé, à tout le moins concerné.

Il me semble important de commencer par rappeler que la publicité n'est qu'un instrument. Il faudra toujours la juger en tant que tel. Aucune société, multinationale ou non, ne financerait une agence de pub s'il lui semblait bon de traiter ses campagnes en interne. Cette délégation de pouvoir (la pub en a énormément) est une volonté. Ni une obligation légale (les mêmes multinationales s'arrangent de la légalité), ni une obligation morale (un mot surrané dans le monde du profit que vous voulez enterrer).

A partir de là, il est clair que la mission de toute boîte de pub va être de faire un maximum d'argent en faisant vendre un maximum de produits ou de services. Vous-mêmes ne semblez guère faire avancer votre organisation que grâce à la participation financière de vos membres ou donateurs. On touche ici au problème global de l'argent et de la manière dont il règle nos échanges. On peut supprimer la publicité, on conservera l'argent et avec lui la cupidité et d'autres défauts bien plus laids encore.

Vous pensez donc que la mission même de la publicité est dénuée de sens et d'intérêt. Que le but premier, celui d'informer, devrait être suffisant. Mais nous ne sommes pas journalistes. Notre boulot quotidien, c'est de vendre; pas de rassurer, pas d'inquièter. Nous sommes heureux quand nous suscitons la critique (c'est très vendeur) ou lorsque nous provoquons le débat. Mais ce n'est pas notre rôle premier.

Vous relevez l'agressivité de nos démarches. Mais peut-on vendre si l'on est seulement agressif ?

Vous fustigez notre immoralité. Que retirerions-nous d'une campagne uniquement immorale ?

Vous nous dites créateurs de laideur. Qui achèterait ce qui n'est que laid ?

Tous les jours, nous devons composer avec des impératifs qui vous sont méprisables, pour faire de ces défauts des leviers de consommation. C'est notre métier. Et c'est le métier de centaines de personnes tous les jours à travers la Belgique, de centaines de milliers d'autres à travers le monde.

Vous le regrettez, comme vous regrettez la disparition du court-métrage avant le film. Comme vous regrettez le matraquage publiciatire des trams. Les bénéfices énormes d'une campagne de pub vont sans doute en grande partie alourdir chaque jour quelques porte-feuilles boursiers dont la seule idée vous répugne. Sans doute ces bénéfices servent-ils souvent à asseoir la notoriété d'un président qui veut la guerre.

Je n'ai jamais eu l'impression d'aider qui que ce soit à s'enrichir ou à tuer d'autres êtres humains. Quand un mannequin est retouché numériquement, je ne pense pas aux femmes qui vont s'en sentir moins bien dans leur peau. Et quand on me demande de réfléchir à un visuel contre le tabac, je travaille 16 heures par jour.

Derrière votre mépris de la société de consommation, il existe des êtres humains qui font de leur imagination des jardins sans OGM. Votre constat d'aliénation est subjectif. Parce qu'il est écrit d'une prison dont les fenêtres donnent sur des 36m² qui font rêver. Ce que vous trouvez dangereux, voire mortel.

Une question mérite d'être posée, cependant, la publicté est-elle un instrument de torture ou le dernier garde-fou avant l'ère du produit unique pour un consommateur type ?

Il est bon que la réflexion existe et votre association y contribue.

Mais au fait, que deviendra-t-elle si personne n'en fait la publicité ?

Bien à vous.

Réponse de RAP:

Cher Monsieur Quatorze, Je me permets de vous répondre dans le texte.

Bonjour,

je parcours votre site depuis quelques minutes et viens vous faire part de quelques remarques dont vous jugerez le bien-fondé. Avant tout, il est sans doute utile que je vous précise mon emploi de "copy" dans une agence de publicité reconnue sur la scène internationale, j'espère donc que vous verrez dans les lignes qui viennent un avis sinon éclairé, à tout le moins concerné.

Il me semble important de commencer par rappeler que la publicité n'est qu'un instrument. Il faudra toujours la juger en tant que tel. Aucune société, multinationale ou non, ne financerait une agence de pub s'il lui semblait bon de traiter ses campagnes en interne. Cette délégation de pouvoir (la pub en a énormément) est une volonté. Ni une obligation légale (les mêmes multinationales s'arrangent de la légalité), ni une obligation morale (un mot surrané dans le monde du profit que vous voulez enterrer).

A partir de là, il est clair que la mission de toute boîte de pub va être de faire un maximum d'argent en faisant vendre un maximum de produits ou de services. Vous-mêmes ne semblez guère faire avancer votre organisation que grâce à la participation financière de vos membres ou donateurs. On touche ici au problème global de l'argent et de la manière dont il règle nos échanges. On peut supprimer la publicité, on conservera l'argent et avec lui la cupidité et d'autres défauts bien plus laids encore.

Si nous ne faisions avancer notre organisation que grâce à la participation de nos membres et donateurs, comme vous dites, ce serait bien triste. Heureusement il y a chez nous une dimension qui vous échappe et qui est l'engagement militant. Celui-ci étant carrément prépondérant il ne peut même pas être comparé à l'apport financier des cotisations de nos membres, en ce qui concerne l'avancement de notre cause.

Il me semble important de rappeler que l'argent n'est qu'un instrument, il faudra toujours le juger en tant que tel.

Aucun sympathisants, aucun membre, aucun donateur ne verserait le moindre sou à notre association si l'accumulation du capital faisait partie de nos objectifs. Laissons, je vous prie, la cupidité et les défauts plus laids encore à ceux qui confondent fins et moyens et pour qui l'argent est tout autant le moteur que l'axe principal de leurs minables existences.

Vous pensez donc que la mission même de la publicité est dénuée de sens et d'intérêt. Que le but premier, celui d'informer, devrait être suffisant. Mais nous ne sommes pas journalistes. Notre boulot quotidien, c'est de vendre; pas de rassurer, pas d'inquièter. Nous sommes heureux quand nous suscitons la critique (c'est très vendeur) ou lorsque nous provoquons le débat. Mais ce n'est pas notre rôle premier.

Nous sommes très loin de penser que la publicité est dénuée de sens et d'intérêt, je ne sais pas où vous avez été pêcher ça.

Mais nous faisons effectivement la distinction entre publicité et "réclame". Si dans son sens premier l'objectif de la publicité est de "rendre public", celui de la réclame est de faire vendre et par extension moderne de pousser à la surconsommation.

Dans la confusion mentale généralisée, qu'entretiennent savamment les publicitaires, les vaches ne parviennent plus à retrouver leurs veaux. Nous nous donnons pour mission d'éclairer le paysage et de rendre leur sens aux mots que détruit sans arrêt la publicité commerciale. Aujourd'hui le but de la pub est bien, comme vous le montrez, celui de la réclame. Or, la prétendue justification de la publicité commerciale est d'informer le citoyen (dont le statut est réduit à celui de consommateur) sur les nouveaux produits. C'est contre ce mensonge que nous nous insurgeons. Aujourd'hui la pub n'a plus pour mission d'informer mais bien de conditionner. Son utilité et son intérêt sont patents, nous ne le contestons pas.

Quant à votre boulot, vous prétendez qu'il n'est pas de rassurer ou d'inquiéter, mais la simple observation démontre le contraire. Vous confortez quand ça vous arrange, vous inquiétez itou. Ayez l'honnêteté de reconnaître que les publicitaires ne s'embarassent de rien lorsque leur cahier de charges prévoit d'intimider la cible. Exemple: la pub où on voit dans un grand magasin un enfant dans une charette poussée par sa mère. Son T-shirt est tout délavé contrairement à celui d'un autre enfant qui passe par là. Explication: le pauvre enfant a une mère indigne qui lave son T-shirt avec une poudre quelconque (cela existe-t-il ?). Honte à elle ! Pauvre de lui qui doit se promener, à cause de sa mère, dans un si affreux T-shirt aux couleurs délavées. Il sera la risée du monde entier. Son développement psycho-moteur risque d'en patir gravement. Dans cette pub, que vous aurez reconnue sans peine, on rassure la mère qui a fait le bon choix et on culpabilise (inquiète)( affolle, en procédé publicitaire) celle qui ne l'a pas fait. Des exemples comme celui-ci sont légions…et vous le savez bien.

Vous relevez l'agressivité de nos démarches. Mais peut-on vendre si l'on est seulement agressif ?

Que nenni ! pas seulement. Si la pub était seulement agressive ça nous arrangerait plutôt. Nous parlons d'agression publicitaire parce que la pub nous est imposée, en particulier dans l'espace public. La pub est une activité qui enfreint toutes les règles qui sont pourtant acceptées par toutes les autres. Ainsi, par exemple, dans nos journaux il y a une rubrique "faits divers" ou "culture", mais la pub ne se cantonne pas à une rubrique à elle: elle envahit tout. Si on regroupait toute la pub dans un "supplément" du journal, nous en serions ravis car le lecteur pourrait choisir de le consulter ou non. L'agressivité de la pub réside (entre autre) dans cette caractéristique envahissante.

Vous fustigez notre immoralité. Que retirerions-nous d'une campagne uniquement immorale ?

Rien du tout SI la cible ne partage pas cette immoralité. Mais si elle la partage, là vous cartonnez. Malheureusement, comme dans l'espace public se trouvent également des citoyens qui ne sont pas les cibles de vos campagnes immorales…et ils sont touchés aussi. La plupart des pubs propagent des valeurs les plus rétrogrades. La pub se moque continuellement des valeurs telles que la solidarité et l'altruisme. La pub se moque des idéalistes comme si le monde était voué définitivement à la décadence. Elle va jusqu'à se moquer de ceux qui réfléchissent car un consommateur qui réfléchit est un mauvais consommateur. La pub prône l'individualisme le plus crasse et le sexisme le plus couillon. Le but de la pub est de nous rendre malheureux car un citoyen heureux consomme peu. En ce sens les campagnes ne se doivent pas d'être uniquement immorales, la pub l'est en elle-même. Bref, une campagne peut flatter uniquement les plus bas instincts de la cible, celle-ci n'aura pas de mal à s'y identifier. Il y a donc moyen de retirer du profit avec une campagne parfaitement immorale.

Vous nous dites créateurs de laideur. Qui achèterait ce qui n'est que laid ?

Certains vont jusqu'à dire qu'une affiche publicitaire c'est de l'art ! Nous ne partageons évidemment pas ce point de vue.

Rien n'est plus laid qu'une affiche publicitaire dans un paysage. Même Ogilvy le disait:

« Personnellement, j'ai une passion pour les paysages, et je n'en ai jamais vu un seul amélioré par un panneau d'affichage. C'est lorsqu'il érige une affiche devant d'agréables perspectives que l'homme est à son plus vil. Quand je prendrai ma retraite de Madison Avenue, je lancerai un groupe secret d'autodéfense, formé de cagoulards parcourant le monde sur des motos silencieuses pour abattre des affiches après la tombée de la nuit. Combien de jurés nous condamneront lorsque nous serons pris en flagrant délit de généreux civisme ? »

(David Ogilvy, fondateur de l'agence de publicité Ogilvy & Mather, dans "Confessions of an Advertising Man " 1963 ).

Il n'est donc pas question de tergiverser sur les qualités estéthiques du graphisme de certaines pubs. Que les publivores aillent donc se repaître de leur "art" dans des salles (où ils n'incommoderont personne). La pub dans l'environnement c'est laid comme une verrue sur le nez, personne ne la souhaite…sauf les quelques fanatiques qui ne vivent que pour elle.

Enfin, la plupart d'entre nous n'achètent ni la pub ni les affiches, elle nous est imposée gratuitement (bien que nous la payons quand même indirectement). Si le citoyen devait payer pour qu'on lui affiche de la pub, il n'y en aurait certainement plus. Vous pouvez donc créer de la laideur sans complexe, personne ne l'achète… à part les sociétés qui vous la commandent. Votre argument est donc ri-di-cule.

Tous les jours, nous devons composer avec des impératifs qui vous sont méprisables, pour faire de ces défauts des leviers de consommation. C'est notre métier. Et c'est le métier de centaines de personnes tous les jours à travers la Belgique, de centaines de milliers d'autres à travers le monde.

Un petit groupe de personnes somme toute, dont la mise à pied nous peinerait bien moins que les milliers de licenciements annuels que la population de ce pays doit subir parce que les multinationales qui vous occupent ont décrété que la progression de leur bénéfices, cette année,n'étaient pas suffisants.

Vous le regrettez, comme vous regrettez la disparition du court-métrage avant le film. Comme vous regrettez le matraquage publiciatire des trams. Les bénéfices énormes d'une campagne de pub vont sans doute en grande partie alourdir chaque jour quelques porte-feuilles boursiers dont la seule idée vous répugne. Sans doute ces bénéfices servent-ils souvent à asseoir la notoriété d'un président qui veut la guerre.

Sans aucun doute !

Je n'ai jamais eu l'impression d'aider qui que ce soit à s'enrichir ou à tuer d'autres êtres humains. Quand un mannequin est retouché numériquement, je ne pense pas aux femmes qui vont s'en sentir moins bien dans leur peau.

Ne pas penser est un bien piètre argument. Vous feriez bien d'être un peu plus responsable de vos actes. Que vous ne voyiez pas le rapport direct entre votre activité et la misère ou la violence qui règne dans ce monde, on pourrait encore l'imaginer. Mais que vous n'ayiez pas "l'impression d'aider qui que ce soit à s'enrichir" frise la mauvaise foi: c'est votre boulot et vous le reconnaissez fort bien par ailleurs. L'ennui avec les apprentis-sorciers de votre corporation est qu'ils lancent des bombes, se bouchent les oreilles, se pincent le nez et se ferment les yeux sur les conséquences. Si d'aventure ils devaient être ammenés à constater les dégâts parce que quelqu'un leur aurait mis le nez dessus), ils s'écrieraient le plus innocemment du monde: "Oh ! quest-ce que c'est ? je ne suis pas responsable ! je ne savais pas ! , c'est à cause des autres !, excusez-moi ! …"

Et quand on me demande de réfléchir à un visuel contre le tabac, je travaille 16 heures par jour.

Eh eh, on se cherche des excuses ? un alibi ? un échappatoire peut-être ? Je ne vais pas certainement pas interférer dans le débat avec votre for intérieur. Débrouillez-vous vous-même avec votre conscience, faites le bilan: combien de pub qui "sauvent" pour combien qui participent à "foutre en l'air" le patrimoine des générations futures, par exemple ? (j'sais bien: c'est pas vous, c'est les autres qui ont commencé.)

Derrière votre mépris de la société de consommation, il existe des êtres humains qui font de leur imagination des jardins sans OGM. Votre constat d'aliénation est subjectif. Parce qu'il est écrit d'une prison dont les fenêtres donnent sur des 36m² qui font rêver. Ce que vous trouvez dangereux, voire mortel.

Of course… nous trouvons ça mortel ! Pour un créatif vous manquez singulièrement d'imagination mon cher Louis ! Les fenêtres de notre prison donnent effectivement sur des 36m², mais ceux-ci nous font gerber ! Nous sommes ces fameux êtres humains qui font de leur imagination des jardins sans OGM. Nous rêvons d'un monde où la consommation est responsable et ne met pas gravement en péril la vie des trois quart de l'humanité et l'intégralité de celles des générations futures (péril uniquement justifié par le profit exclusif et immédiat d'une poignée de minables porcs au service de l'argent). Nous rêvons d'un monde plus juste et plus spirituel où le bonheur ne se conquiert pas seulement au bout des manettes d'une "playstation". Nous rêvons que les hommes se réveillent enfin et se délivrent du joug. Nous rêvons de petits villages où hommes et enfants ont réappris à vivre en harmonie entre eux et avec la nature. Nous rêvons d'un monde où la technologie est dominée par l'homme et non l'inverse. Nous rêvons d'un monde où l'art serait celui du beau et non celui de la manipulation d'autrui. Je m'arrête là, car cette envolée lyrique, dans laquelle vous m'avez entrainé, paraîtra sans doute peu crédible au "réaliste" que vous soulignez être.

Non, nous n'avons pas le moindre besoin de vos panneaux, ni pour rêver, ni pour cacher la réalité.

Une question mérite d'être posée, cependant, la publicté est-elle un instrument de torture ou le dernier garde-fou avant l'ère du produit unique pour un consommateur type ?

Instrument de torture elle l'est assurément pour moi. Elle me taraude, me démange, me fait mal… me tue à petit feu. Je laisse les autres en mesurer les effets sur eux-mêmes.

Garde-fou certainement pas! Vecteur principal assurément! C'est elle qui nous met en condition chaque jour pour nous faire accepter le produit unique pour un consommateur type. C'est elle qui réduit notre champ de vision à presque rien. C'est elle qui nous conditionne à ce triste monde ou le seul choix réside entre le choix de tel ou tel produit. Même cette apparente diversité et profusion de produits de consommation que la pub étale généreusement comme du choco sur une tartine n'est qu'un vulgaire leurre. Dans tous les "hyper" du monde entier ne se retrouvent plus que les même boîte de whiskas, les mêmes sodas industriels. Avant, nous avions cent variétés de pommes, aujourd'hui nous n'en avons plus que deux ou trois. Bientôt elles disparaîtront aussi parce que la pub nous "conseillera" de les consommer en cannettes de machinchouette.

Votre argument porte en lui les clés de sa destruction. Vous m'avez prèté les mots pour le désagréger. Les publicitaires sont bien des visionnaires, des précurseurs. Tout en se bricolant à la va-vite un garde-fou censé les protéger, ils annoncent sans complexes la couleur de ce qu'ils préparent. Ah, franchement ça fait plaisir de vous lire !

Il est bon que la réflexion existe et votre association y contribue.

Mais au fait, que deviendra-t-elle si personne n'en fait la publicité ?

A cette bonne question, qui a le mérite d'être posée, je me ferai la joie de vous apporter une bonne réponse:

Comme j'ai tenté de vous l'expliquer, nous n'avons rien contre la publicité, c'est la réclame (moderne) qui crée problème. Nous nous bornerons donc à rendre public nos travaux militants, sans investir le moindre Euro dans le tapage médiatique. Le "bouche à oreille" nous suffit amplement. Comme la plupart des médias sont entrés dans une logique autodestructrice, il nous suffit d'attendre leur implosion…tout en continuant, sans hate, notre travail de sape.

Bien à vous.

So am I,

César Jules.


Courrier envoyé par Jonathan, le 16 septembre 2003

Bonjour,

Tout d'abord bravo pour votre dossier concernant ClearChannel. Il est fort interessant car documente et surtout argumente. Mais (car il y a un mais), quel est le but de celui-ci? Je rejoins TOTALEMENT (j'insiste) votre point de vue, mais ce dossier ne m'apporte aucune echappatoire, juste de la culpabilite! Pourquoi de la culpabilite? Je m'imagine fin juin 2004, le festival de Werchter bat son plein. Sold out, comme les deux annees precedentes. Et moi? Seul chez moi, me disant chaque nouvelle heure "maintenant, je rate xxx! Alors que je mourrais d'envie de les voir! Et puis ce sera xxx, puis xxx, …". De toute facon, il sera quand meme sold out, alors merde, pourquoi n'aurais-je pas le droit d'y aller moi aussi? Au nom de quels principes? Et meme si ces principes sont legitimes, j'aurai l'air malin seul avec mes principes!!! Parce que, sincerement, quel pourcentage de la population belge sera sensible a ce genre de point de vue (concernant ClearChannel)? J'entends par la combien de Belges sur 100 prendront la peine (comme je le fais) de s'interesser et de reagir? 10%? Et parmi eux combien boycotteront? 5% et encore… Les choses bougeront-elles pour autant…

Je regrette mais je dois arreter la mon courrier… Peut-etre aurais-je l'occasion de repondre a votre reaction plus tard…

Merci

Jonathan

Réponse de RAP:

Bonjour,

Nous te remercions vivement pour ce message, qui nous fait plaisir. Je me permettrai de te donner quelques éléments de réponses:

Résister n'a jamais, dans l'histoire de l'humanité, été sans douleur. Chaque fois qu'un progrès social a été obtenu il a fallu que des "héros" se sacrifient et montrent l'exemple. Si tu te demandes donc au nom de quoi tu pourrais te sacrifier, rater l'"évènement" auquel tu rêve de participer, la réponse est là: au nom des réformes indispensables pour lesquelles nous devons nous battre. La force, la qualité et la détermination d'un mouvement de résistance se mesure à la force, aux qualités et à la détermination de ses "leaders". Si tu as bien compris le contenu "idéologique" de notre dossier, tu auras compris aussi que nous mettons en garde contre une menace clairement identifiable. Ne rien faire c'est laisser se dégrader la situation. Si en 2004 certains groupes que tu aimes se produisent encore, en 2005 il y en aura moins, et en 2006 ce festival ressemblera à une foire commerciale où le seul plaisir à y trouver sera de se frotter à ses semblables pigeonnés tous ensemble par les multinationales. Par ailleurs je vais t'avouer que j'ai 43 ans, que j'ai grandi dans la rock-culture, que j'adore la musique, mais que je ne peux plus assister à un concert (comme celui de Peter Gabriel par exemple) tout simplement parce que le prix demandé dépasse largement mes possibilités budgétaires. Assister à ce concert, auquel j'avais pourtant fortement envie d'aller, m'aurait coûté pas moins d'un dixième de mes revenus mensuels: impossible ! Je dois donc me rendre à l'évidence: "Salut Peter, je t'aime bien, mais ton concert tu en as exclu certains de tes fans et c'est dégueulasse. Tu défends une société de classes et de privilèges qui débouchera inévitablement sur la violence. Aujourd'hui le prix d'un concert Clear Channel comme le tien c'est 45 Euros, demain ce sera 90." Il n'y a aucune raison que cette escalade s'arrête toute seule. Il faut donc agir !

La culpabilisation n'est pas notre but. Tu ne dois pas te sentir coupable de te rendre à Werchter en 2004. Il y a plein d'autres moyens de résister. La culpabilité seule est contre-productive. Si je ne me rends plus à Werchter ce n'est pas parce que je me sentirais coupable d'y aller mais bien parce que je n'en ai plus la moindre envie. Il y a dans la résistance bien plus de joie et de plaisir que ça en a l'air. Tout d'abord on est pas seul. Ensuite monter sur les barricades avec nos pairs est une source de bonheur plus importante que celle de se trouver parqués comme des moutons à la tonte dans un champ (même noyés sous des décibels charmants). De plus, et ce n'est pas le moindre des plaisirs, les alternatives existent. Des organisateurs de concerts indépendants s'organisent pour résister au tyrannausore. Les meilleurs groupes sauront trouver où est leur véritable intérêt et leur public. Peut-être pas tout de suite, mais bientôt. L'argent n'est pas tout, il existe encore des artistes qui aiment la musique plus que l'argent. Ce sont eux les pionniers qui nous aideront à renverser la vapeur et à rejeter les $chueremans et consort à la mer.

5% de boycott ce serait GENIAL ! sur 100 000 personnes ça en ferait 5000 prêtes à aller voir ailleurs. Je me réjouirais de participer à un mini festival avec ces 5000 là. Au moins on pourrait se sentir chez nous et se regarder en face sans devoir dissimuler la honte de n'être que des moutons à tondre, des vaches à traire, des poulets conditionnés. Dans cette société de surconsommation c'est la quantité qui compte, mais je peux t'affirmer qu'il y a plus de plaisir dans la qualité.

Combien même devrions-nous échouer, et continuer à financer l'expansion des activités prédatrices des multinationales, parce qu'il n'y a plus moyen de faire autrement, nous aurons essayé ! Dénoncer et prendre conscience est déjà un grand pas dans l'émancipation des moutons. Les pubards veulent tuer la réflexion (un consommateur qui réfléchit est un très mauvais consommateur). Résister c'est réfléchir, prendre du recul. Ecrire simplement "boycott" sur les affiches de Werchter 2004 sera déjà une action salutaire, même si certains d'entre nous ne pourront s'empêcher de se rendre sur la plaine. Rome ne s'est pas faite en un jour, son démontage prendra du temps.

Si tu continues à acheter des tickets chez "goformusic" tu resteras néanmoins mon ami, ça je peux te l'assurer. Nous resterons dans le même bateau…jusqu'au naufrage. Serrons-nous les coudes, aidons-nous les uns les autres dans cette difficile résistance où… il n'y aura pas que des héros. Nous sommes des humains et c'est en toute humanité que je t'envoie ce message d'espoir.

Cordialement,

Philippe


Courrier envoyé par Adrien, juin 2003

Très cher RAP,

J'ai eu l'envie de vous écrire afin de vous poser quelques questions, vous qui prétendez paraître vouloir une remise en question permanente. Vos arguments, en grande quantité, me semblent souvent biaiser et c'est donc un plaisir pour moi d'y répondre. Cela dit sans agressivité aucune : restons calmes, qui sait si nous n'arriverons pas à une grande vérité quelconque.

Une première question d'ordre purement pratique : dans vos conseils pour cette glorieuse lutte, vous recommander de ne pas acheter de produit qui affiche sa marque : comment faites-vous pour acheter une voiture (à moins qu'il ne faille dire automobile pour se préserver des « vils publicitaires ») ?

Une page particulièrement attire mon attention aujourd'hui : « Pourquoi résister ? » Il sera plus aisé pour une bonne compréhension réciproque que vous ayez cette page sous la main lorsque vous lirez ceci.

Tout d'abord vos deux premiers paragraphes, où vous avancez quelques arguments, mais auxquels vous n'apportez aucune justification : seriez-vous dogmatique ? Car il est impossible de démontrer le faux d'une thèse prononcée dogmatiquement, en tous cas aux yeux de celui qui l'a émise, je me vois donc obliger de passer au troisième paragraphe, que vous vous donnez, il est vrai, la peine de justifier sur le reste de la page.

« La pub est agressive car omniprésente. » Je note cependant que la publicité n'est jamais sur votre propriété ou que si elle y est, vous pouvez l'enlever (ou couper le son si la pub est phonétique). Je me demande donc : seriez-vous voyeur au point de détailler en permanence la propriété d'autrui, à ce point fou que vous entreteniez ce qui vous « agresse » en la recherchant ? « La pub est agressive par ces messages ». Le message n'est pas « vous êtes con d'acheter ce produit », le message est : ce produit est le meilleur du marché, si vous achetez ce type de produit achetez le nôtre. Le principe de la pub est de faire connaître un produit. Reste la manière de le dire, le « le but de la pub est de choquer ». Mais là le but est plutôt d'attirer votre attention de vous faire lire la pub en entier, auquel cas vous remarquerez que la pub détaille les caractéristiques du produit, vous fait donc une offre de commerce. Il suffit de détourner les yeux pour la refuser (ou, une fois de plus, de couper le son). Notez que pour les marques les plus connues, le simple nom suffit à détailler le produit comme, par exemple, coca-cola (au fait, comment appelez-vous un coca ?). Enfin, je signalerai que vous usez exactement du même procédé à l'encontre des visiteurs du site. « La pub est agressive par ses valeurs idéologiques ». Pour ce qui est du racisme et du machisme, je vous garantit qu'il y a suffisamment de censeur moraux (un peu comme vous) qui ferait la révolution si une pub était réellement raciste ou machiste. Le publiciste n'y a donc aucun intérêt. Pour ce qui est de la concurrence et du profit (que vous semblez charger négativement mais qui a produit en deux siècles l'ensemble du confort dont vous disposez), je note que ces deux concepts sont présents dans la production de la pub comme dans n'importe quel autre commerce, mais je ne trouve nulle part sur une publicité une concurrence ou un profit (sauf dans les épargnes bancaires peut-être). Pouvez-vous me fournir un exemple ou avez-vous juste été aveuglé de rage dans ce passage ?

« La pub est immorale dans ces buts qui sont de soumettre nos volontés sur l'autel du profit. » Une nouvelle fois, le but de la pub est de vous livrer toutes les caractéristiques (positives) d'un produit en le rendant le plus attractif possible mais au final il vous reste le choix d'acheter ou de ne pas acheter. Pour séduire une femme (encore que séduire une femme et vendre un produit n'ont que peu en commun), vous n'allez pas lui déclarer « je vais te dire tous mes défauts, je ne me suis plus lavé depuis trois jour afin que ta volonté sacrée et inaliénable ne soit pas sacrifiée sur l'autel de mon amour ». Si c'est le cas, auriez-vous l'obligeance de me communiquer la réaction féminine ? « Vous rendre malheureux » ? Vous ne saviez pas qu'un produit existe, une pub vous l'apprend. Si vous désirez l'acheter mais, pour une raison ou l'autre, ne pouvez pas, rappelez-vous ceci : vous viviez sans avant, peu importe que vous continuiez ainsi. Préféreriez-vous être dans l'ignorance qui vous rend bien plus manipulable que vous ne prétendez l'être ? Car la pub est une forme d'information, qui vous permet d'éviter le charlatanisme et les prix monopolistique donc exorbitant. « Qui modèle une idéologie ». Mais laquelle ? une fois de plus, évitez le dogmatisme. « Qui vous empêche de réfléchir et de décider seul ». La pub peut être comparer à un conseiller d'un roi : bien sûr le conseiller fera parfois tout ce qu'il peut, tronquera la situation, afin de faire triompher son avis. Mais, sans cet avis, et bien d'autres, le roi aurait pris une décision sans rapport avec la réalité. Ce qui fait un bon roi, ce qui fait un homme libre, ce qui fait une démocratie, c'est la capacité à faire la part des choses dans les informations et conseils reçus, la capacité à distinguer d'instinct et par raisonnement le vrai du faux. Le même comportement doit exister face à une publicité. Simple question d'éducation du sens critique en général, qui est tout à fait intégrer dans le programme scolaire.

« La pub est laide. » Mais la publicité est un art, il est donc logique que des spécialistes, des « artistes », se développent, que des rassemblements populaires viennent l'admirer (La nuit des publivores), que des gens le trouvent laid et inutile, comme d'autres détestent la musique, le cubisme, l'impressionnisme, le roman d'amour, etc. C'est un art à l'origine étonnante, au but précis, mais la publicité n'en est que plus un art.

Vous semblez particulièrement remontés contre l'utilisation de mannequins dans les photos publicitaires. Je n'ai pourtant pas remarquer que le nombre de célibataires recherchant Vénus ait particulièrement augmenté ces dernières années, que les couples soient tous en permanente dépression d'être un couple si moche. Ces photos sont des fantasmes qui aident peut être même au contraire la réalité. Ce n'est pas parce que j'aurai eu sous les yeux, aussi longtemps que vous voudrez, la photo d'une magnifique mannequin ventant un produit, que ipso facto j'irai acheter ce produit et que de toutes les filles que je croise sur mon chemin, je me dirai « oh ! elle est bien moins belle que telle ou telle mannequin. » Non, j'aurai toujours autant envie d'aborder telle ou telle demoiselle et de fuir telle autre.

« La publicité est bête. » Au risque de me répéter, cessez d'être dogmatique. De plus, en admettant l'existence de votre complot du néolibéralisme que vous posez comme inattaquable, je vous ferai remarquer que la pub est alors au contraire une stratégie intelligente visant à asservir le monde. La cohérence est nécessaire à une bonne argumentation.

Dans vos « concrètement », j'ai déjà expliqué que vous vous trompiez sur la nature et le but de la pub. La pub ne « monopolise » pas l'espace publique et nos cerveaux (sauf le vôtre peut-être). La pub est présente dans nos rues comme l'art baroque en d'autres temps. Ce n'est pas choquer mais attirer votre attention, ce n'est pas flatter nos bas instincts mais plaire. Vous prêtez aux publicistes des intentions qu'ils n'ont pas.

La pub ne véhiculent aucune idéologie. Elle est l'image parfois caricaturale de notre société, elle n'est pas « tout-au-capitalisme » à mon avis, mais si c'est que vous pensez, alors attaquez vous à la réalité pas à cette image (rejoignez par exemple le communisme triomphant de Karl Marx à Cuba, je crois me souvenir qu'ils ont interdit la pub).

La publicité, comme l'ensemble du système capitaliste, vise au bonheur MATERIEL. Il est évident que cela n'entraîne rien au niveau de l'esprit. Cependant, si vous achetez ce produit dont vous avez les moyens et le besoin, cela vous conférera un certain bonheur matériel, c'est incontestable.

Les publicistes sont suffisants ? Je propose que vous regardiez la poutre dans votre oil avant la paille dans celle de votre voisin. Vous les « missionnaires » (vous vous qualifiez ainsi et vous espérer le retour du communisme à un endroit de votre site, je noterai cependant que ces deux idéologies ont été fertiles en massacres immondes), vous êtes chargés par vous-même des pleins pouvoirs pour libérer la masse de la population, que vous tenez pour stupide puisqu'elle ne participe pas à votre idéologie glorieuse, dans l'espoir d'un jour meilleur. Votre suffisance me paraît bien plus grandiose que celle des publicistes.

J'ai quelques envies de continuer en dénonçant votre manifeste et les autres insanités qu'il proclame, mais je préfère remettre cela à un autre jour, afin d'éviter que vous vous sentiez insulter, ce qui empêcherait toute discussion rationnelle ce qui serait, à n'en point douter, dommage.

En espérant vous avoir aidé par ces quelques questions, toujours amicalement,

Adrien

Réponse de RAP:

Bonjour,

Tout d'abord, je tiens à préciser que nous ne prétendons aucunement être détenteurs de la "vérité". Nous estimons qu'il y a un problème suffisament grave pour mobiliser les militants et c'est ce que nous faisons. Nous sommes ravis lorsque des contradicteurs tels que vous nous permettent d'affiner nos arguments ou, ce qui arrive parfois, nous permettent de changer notre fusil d'épaule. Cependant sachez que la lutte antipublicitaire a déjà plus de dix ans de réflexions derrière elle, même si notre branche belge n'en est qu'à ses débuts. Des auteurs tels que François Brune (essayiste au monde Diplomatique) ont déjà écrit de nombreux textes et des livres traitant du sujet en profondeur. Il y a aussi "No Logo" de Naomi Klein ou encore "le livre noir de la pub" de Florence Amalou et encore le plus récent "Putain de ta marque" de Paul Ariès, sans compter les dossiers de nos amis de "Casseurs de pub", qui fournissent quelques milliers de pages exclusivement consacrés au sujet. Notre site est tout à fait critiquable dans le sens où il ne donne qu'un pâle reflet de toute cette réflexion. Il a été en effet conçu (assez hativement) par des militants convaincus et souvent surpris de voir ce qu'ils croient évident si mal compris. Nous devrons tenir compte à l'avenir que ce qui semble évident à certains ne l'est pas du tout pour d'autres et nous nous y attacherons.

Pour reprendre vos remarques et questions voici une premiere fournée de réponses:

Une première question d'ordre purement pratique : dans vos conseils pour cette glorieuse lutte, vous recommander de ne pas acheter de produit qui affiche sa marque : comment faites-vous pour acheter une voiture (à moins qu'il ne faille dire automobile pour se préserver des « vils publicitaires») ?

J'ignore où vous avez bien pu trouver un conseil de ne pas acheter de produit affichant une marque. Il n'y a pas de tel conseil sur notre site. Faire un effort pour utiliser convenablement notre langue française mise à mal par les publicitaires est un autre conseil. La tyrannie des marques existe bel et bien. Comment pouvez-vous expliquer que de nombreux jeunes trouvent "cool" de s'afficher avec une casquette "nike" ou "adidas" ? Sont-ils payés pour le faire ? Ou le font-ils par le plus crétin des conformismes à une société dominée par quelques puissants ? Je ne vois absolument rien de cool à porter le logo d'une société multinationale qui fait fabriquer ses produits par des néo-esclaves dans les coins les plus pauvres de la planète. Auparavant (la génération dont je fais partie) portait plutôt les "logos" de groupes rock ou des vêtements dont le look évoquait une sensibilité auquel nous nous identifions volontiers (bref c'était culturel voire artistique). Aujourd'hui ces jeunes dont je parle s'identifient volontairement ou non à des sociétés visant uniquement leur profit maximal au détriment de toute valeur humaniste. C'est un constat assez dramatique (la culture à laquelle on s'identifie n'est plus que celle de l'argent, du profit).

J'avoue que je ne comprends pas ce phénomène ahurissant…si ce n'est par la propagande opérée par les marques elles-mêmes à laquelle les jeunes ne parviennent même plus à résister ou à réfléchir. Un mouton se pointe avec un t-shirt "hilfiger" et les autres se précipitent chez le marchand pour faire pareil. C'est dingue !

Tout d'abord vos deux premiers paragraphes, où vous avancez quelques arguments, mais auxquels vous n'apportez aucune justification : seriez-vous dogmatique ? Car il est impossible de démontrer le faux d'une thèse prononcée dogmatiquement, en tous cas aux yeux de celui qui l'a émise, je me vois donc obliger de passer au troisième paragraphe, que vous vous donnez, il est vrai, la peine de justifier sur le reste de la page.

La difficulté est évidemment d'énoncer la couleur, de se faire comprendre sans écrire cinquante pages (que la plupart des visiteurs ne liront pas). Il ne s'agit pas de dogmatisme mais de synthèse. C'est tout au long de nos textes que l'on peut se faire une idée de la pertinence de nos propos et pas sur deux paragraphes. De deux choses l'une: ou on est interressé par nos propositions et on continue à réfléchir, ou on en a assez vu et on quitte le site. Nous ne tenons pas à convaincre tout le monde. Certains sont quasi irrémédiablement conditionnés par le système et ne peuvent pas entendre la moindre remise en question. Une démarche comme la nôtre suppose pour être entendue qu'il y ait un effort de déconditionnement déjà entrepris volontairement par le lecteur.

« La pub est agressive car omniprésente. » Je note cependant que la publicité n'est jamais sur votre propriété ou que si elle y est, vous pouvez l'enlever (ou couper le son si la pub est phonétique). Je me demande donc : seriez-vous voyeur au point de détailler en permanence la propriété d'autrui, à ce point fou que vous entreteniez ce qui vous « agresse » en la recherchant ?

C'est toute la question de l'espace public. Nous payons des impôts, nous faisons partie d'une communauté, nous avons des biens communs. La rue dans laquelle nous nous déplaçons fait partie du patrimoine commun. Elle appartient à chacun d'entre nous. De même les transports publics (service public) appartiennent aux usagers qui les financent soit directement par l'obtention d'un ticket soit indirectement en payant TVA et impôts. Le tram dans lequel nous montons nous appartient un peu. Les infrastructures publiques également. Des lois existent qui régissent la vie en société, par exemple il est défendu de se promener tout nu ou de pisser sur un trottoir. Si quelqu'un enfreint ces lois, nous pouvons nous en plaindre même si cela ne se passe pas sur notre propriété personnelle. La publicité de plus en plus affichée dans l'espace public interpelle le passant. On ne peut pas "zapper" une affiche à moins de se promener en permanence les yeux rivés à ses chaussures. Lorsqu'on monte dans un tram complètement emballé de publicité, on ne peut pas ne pas le voir. Ce n'est donc pas la volonté de rechercher l'agression: l'agression existe bel et bien. Certains n'y verront peut-être pas d'agression, comme certains ne verront pas d'objection à voir le quidam pisser sur un arrêt de bus ou se promener tout nu: c'est donc une question de point de vue. Nous estimons que l'espace public devrait être libéré de la propagande marchande qui incite en permanence les passant à des pensées de consommation. Il s'agit de libérer les esprits. C'est parce que cette propagande a un effet sur les comportements et qu'elle est politique que nous estimons qu'il est légitime que nous nous en mélions. La vie de la cité concerne le citoyen. Ce qui se passe dans la rue (l'espace public) concerne le citoyen. Celui-ci devrait avoir son mot à dire. Nous n'empêchons personne de revendiquer le placement de deux fois plus de panneaux publicitaires sur les trams et dans la rue. Nous nous disons que nous n'en voulons plus un seul. C'est notre droit de militer pour cela…dumoins tant que nous vivrons dans un régime pseudo-démocratique.

« La pub est agressive par ces messages ». Le message n'est pas « vous êtes con d'acheter ce produit », le message est : ce produit est le meilleur du marché, si vous achetez ce type de produit achetez le nôtre. Le principe de la pub est de faire connaître un produit.

Nous n'avons rien contre la publicité. Le sens originel du mot publicité est bien de faire connaître, de rendre public. Mais personne ne peut nier la dérive. Aujourd'hui la publicité est "communication" et non information. Combien de publicités informent-elles réellement sur les qualités intrinsèques du produit ? Comment comprennez-vous le slogan : "Buvez Coca-Cola" ? Pour moi de l'eau de Spa c'est de l'eau minérale, point barre. Une publicité purement informative serait de présenter la bouteille et de noter les composants (minéraux contenus dans l'eau et du plastique de la bouteille). Tout ajout supplémentaire en symbole, image, slogan, etc. ne peut servir qu'à des fins de manipulation. Mais n'importe qui avouera qu'une telle publicité purement informative n'est pas assez "sexy", il faut donc en rajouter. On sort donc de l'information pour entrer dans la manipulation: c'est ce que nous dénonçons. Le nombre de publicités qui n'expliquent en rien les qualités du produit (font connaître le produit) ou qui résument le message à un simple slogan sont la règle. Les publicités informatives l'exception. Ce que nous disons ce n'est pas que toute publicité devrait être interdite, c'est qu'elle devrait être disponible à la demande et non pas imposée comme c'est le cas actuellement. Si vous voulez acheter un produit rien ne devrait vous empêcher de consulter les publicités et les offres qui existent sur le marché. Le but des publicités dans l'espace public n'est pas d'informer mais bien de pousser à l'achat qu'on ait besoin ou non du produit en question. De plus, seuls les plus puissantes sociétés ont les moyens de s'afficher ce qui fausse complètement la concurrence, constat qui fait frémir d'horreur les idéologues même du libéralisme.

Reste la manière de le dire, le « le but de la pub est de choquer ». Mais là le but est plutôt d'attirer votre attention de vous faire lire la pub en entier, auquel cas vous remarquerez que la pub détaille les caractéristiques du produit, vous fait donc une offre de commerce. Il suffit de détourner les yeux pour la refuser (ou, une fois de plus, de couper le son). Notez que pour les marques les plus connues, le simple nom suffit à détailler le produit comme, par exemple, coca-cola (au fait, comment appelez-vous un coca ?). Enfin, je signalerai que vous usez exactement du même procédé à l'encontre des visiteurs du site.

C'est bien parce que pour être remarquée dans le flot incessant de messages auquel nous sommes soumis que la pub se livre à la surenchère et que nous pouvons parler d'agression. Il s'agit bien de nous interpeller alors que nous on veut qu'on nous laisse tranquille. Si je vous insulte en rue, vous me direz qu'il suffit que vous fassiez semblant de ne rien avoir entendu. C'est quoi ce raisonnement ? Moi je ne veux pas qu'on m'emmerde en rue, point. Je ne veux pas être amené à devoir détourner les yeux toutes les trois secondes ou à continuellement être obligé de zapper. La rue et l'espace public doit être cool et nous devons pouvoir nous y promener en toute sereinité. Le simple nom suffit à détailler le produit ? Ah bon !? Je ne bois pas de Coca, je n'en ai plus bu depuis plus de trente ans et je n'ai jamais mis les pieds dans un Mc Donalds ou un Quick. Si je dois nommer le produit, je dirai boisson industrielle sucrée et gazeuze ou soda. Quels procédés à l'encontre des visiteurs du site ?

« La pub est agressive par ses valeurs idéologiques ». Pour ce qui est du racisme et du machisme, je vous garantit qu'il y a suffisamment de censeur moraux (un peu comme vous) qui ferait la révolution si une pub était réellement raciste ou machiste. Le publiciste n'y a donc aucun intérêt.

Plus personne ne songe à faire la révolution aujourd'hui et encore moins parmis les jeunes. Le rouleau compresseur est tel que la plupart laissent tomber les bras combien même seraient-ils profondément choqués. Un des problèmes avec la pub est qu'elle vise un public cible. La cible n'est pas forcément choquée mais comme la pub touche tout le monde elle choque souvent ceux qui ne sont pas visés. La pub se fout complètement si ce qui est en dehors de la cible est choqué. La pub est très souvent machiste (moins souvent raciste) et les associations féministes n'arrêtent pas de "faire la révolution" et de porter plainte. La pub se fout complètement des féministes si ces féministes ne sont pas visés. De plus toute polémique est de la pub gratuite et les publicitaires s'en régalent. La pub choquante à de beaux jours devant elle. Il n'y a pas la moindre raison que ça s'arrête. Eux sont payés pour la faire, les militants épuisent leurs forces à se battre contre l'inexpugnable. C'est pourquoi nous ne nous mobilisons quasiment jamais contre le contenu d'une pub aussi sexiste ou raciste soit-il.

Pour ce qui est de la concurrence et du profit (que vous semblez charger négativement mais qui a produit en deux siècles l'ensemble du confort dont vous disposez), je note que ces deux concepts sont présents dans la production de la pub comme dans n'importe quel autre commerce, mais je ne trouve nulle part sur une publicité une concurrence ou un profit (sauf dans les épargnes bancaires peut-être). Pouvez-vous me fournir un exemple ou avez-vous juste été aveuglé de rage dans ce passage ?

Je ne comprends pas bien le sens de votre propos. L'ensemble du confort dont nous disposons dans nos pays privilégiés a été acquis au détriment d'une majorité d'habitants de cette planète (véritables crève-la-faim). Ce confort repose sur le pillage des ressources et nous allons (et surtout les générations futures) en payer le prix fort. Nous vivons à crédit, la dette des pays développés atteint des sommets incroyables. Chacun d'entre nous (en Belgique) est déjà endetté de plus d'un million d'anciens francs à la naissance, sans compter même la dette sociale et environnementale à laquellenous devrons faire face. Est-ce cela une grande victoire ? Je ne prendrais que l'exemple du nucléaire pour montrer à quel point notre confort repose sur un système de crédit: pour payer l'électricité à un prix très bas, nous reportons son coût véritable sur des milliers d'années: ce n'est pas nous qui paierons le confort actuel, ce sont les enfants de nos enfants…de nos enfants, pendant des milliers d'années. Ce qui serait juste c'est de calculer le prix que coutera ne serait-ce que la main d'oeuvre chargée de la surveillance et de la maintenance des déchets extrèmement dangereux produits actuellement pendant leur temps de vie (des milliers d'années) et de l'inclure dans la facture aujourd'hui. Un tel système qui repose sur une idéologie où le plus fort gagne et le plus faible crève n'est pas le meilleur des système. Hitler aussi avait ce type d'idéologie. Libre à nous de penser qu'il faut militer pour un autre monde. La logique du système capitaliste est la concentration des richesses dans de moins en moins de mains. Aujourd'hui vous parviendrez peut-être à tirer votre épingle du jeu - si vous êtes un requin bien intégré - mais demain vous aussi serez probablement parmis les autres, sur le pavé, à juste pouvoir rêver de pouvoir vous remplir le ventre. Un autre monde est possible et il est grand temps d'y penser.

« La pub est immorale dans ces buts qui sont de soumettre nos volontés sur l'autel du profit. » Une nouvelle fois, le but de la pub est de vous livrer toutes les caractéristiques (positives) d'un produit en le rendant le plus attractif possible mais au final il vous reste le choix d'acheter ou de ne pas acheter.

C'est effectivement le seul choix qu'il nous reste: acheter ou ne pas acheter. On ne sort pas de la logique marchande. Le seul choix de citoyen muté en consommateur est de préferer tel ou tel produit. La société de surconsommation, sa logique et son idéologie ne peut plus être remise en question: c'est hors norme. Quant aux caractéristiques "négatives" des produits, elles ne sont jamais évoquées. Le jeu est un jeu de dupes. On ne peut pas répondre aux affirmations de la pub. On reçoit les messages, il n'y a pas d'espace prévu pour les contester. Où puis-je exprimmer les caractéristiques négatives des produits si j'estime qu'il y en a ? Considérez-vous que tous les produits vantés n'ont pas de caractéristiques négatives, que ce soit sociales ou environnementales ?

Pour séduire une femme (encore que séduire une femme et vendre un produit n'ont que peu en commun), vous n'allez pas lui déclarer « je vais te dire tous mes défauts, je ne me suis plus lavé depuis trois jour afin que ta volonté sacrée et inaliénable ne soit pas sacrifiée sur l'autel de mon amour ». Si c'est le cas, auriez-vous l'obligeance de me communiquer la réaction féminine ?

Si comme vous le disiez plus haut la publicité était informative elle ne devrait pas être mensongère ou manipulatrice. Dans le cas d'une relation amoureuse, je vous déconseille de mentir à votre partenaire, à moins que vous ne désiriez que "tirer un coup". Car après quelques temps la relation tournera à l'aigre. On ne construit rien de durable sur le mensonge et la tromperie. Dans le cas de la publicité c'est différent car le but est éphémère: il s'agit juste de faire acheter un produit et souvent une seule fois. Peu importe si le produit donne satisfaction ou non. Ce qui compte c'est le chiffre de vente immédiat. Ensuite on change de produit et on recommence. Il est loin le temps ou le client était roi et où les marques étaient gage de qualité. Aujourd'hui tout est éphémère. Tout est jetable. Il est question de pulsion d'achat et de satisfaction instantanée. Il n'y a plus de relation durable ou très peu. J'achète aujourd'hui une paire d'adidas parce que c'est une grande marque mais un an après elles sont irrémédiablement trouées. Alors j'acheterai une autre marque et ce sera quif quif. Mais adidas aura vendu et continuera à vendre à d'autres pigeons à nouveau recrutés à grand renfort de pub et de nouveaux produits. Nous nous sommes toujours les dindons de cette farce. Mais peut-être êtes-vous encore un consommateur trop peu expérimenté pour vous rendre compte de cette situation.

« Vous rendre malheureux » ? Vous ne saviez pas qu'un produit existe, une pub vous l'apprend. Si vous désirez l'acheter mais, pour une raison ou l'autre, ne pouvez pas, rappelez-vous ceci : vous viviez sans avant, peu importe que vous continuiez ainsi. Préféreriez-vous être dans l'ignorance qui vous rend bien plus manipulable que vous ne prétendez l'être ? Car la pub est une forme d'information, qui vous permet d'éviter le charlatanisme et les prix monopolistique donc exorbitant.

Le but avoué de la pub est de nous rendre malheureux car un citoyen heureux consomme peu. Je me fous complètement de connaître les millions de produits existants sur le marché. Ce qui compte est ce que je fais de ma vie et non de savoir ce que je vais consommer. Donc je me complais dans l'ignorance de tous ces produits et m'attache à vivre en accord avec moi même. Je suis loin d'être manipulable, lorsque j'achète je m'informe et certainement pas au moyen de la publicité que je sais manipulatrice et trompeuse. Les prix comprennent le coût de la pub et ça les rend justement beaucoup plus chers. Une campagne comme celle de Base (une présence permanente depuis des mois) a couté des centaines de milliers d'euros. Les clients paieront tout ce gaspillage chaque fois qu'ils téléphonent et dieu sait si c'est incroyablement cher ! Tout ce gaspillage pour quel avantage ? être bouffé par Base, Mobistar ou Proximus ? les différences sont minimes et bien malin celui qui pourra dire ce qui est le plus avantageux. En définitive nous payons très cher cette guerre de titans et nous n'avons absolument rien à y gagner. Cette concurrence est un leurre, ils s'entendent comme larrons en foire pour nous faires payer leur SMS au prix fort, quel que soit l'opérateur. Quant au charlatanisme, c'est la pub qui en est champion, depuis toujours, depuis le crieur au marché qui veut nous vendre son élixir miracle jusqu'à Dash plus blanc que blanc. Aujourd'hui on a tellement promu la peur de la saleté qu'on voudrait nous faire récurer jusqu'à l'intérieur des canalisations d'égoûts. Si ça n'est pas du charlatanisme qu'est-ce que c'est ?

« Qui modèle une idéologie ». Mais laquelle ? une fois de plus, évitez le dogmatisme.

Il n'y a pas de dogmatisme. L'idéologie dont on parle est le consumérisme (société ou la consommation est la seule idéologie subsistante). Nous disons qu'il n'y a pas de croissance infinie sur une planète finie. L'idéologie véhiculée par la pub est justement de placer un écran entre nous et cette réalité. De nous faire croire dans une euphorie débridée que toute consommation est sans incidence, alors que ce n'est pas le cas. Les ressources planétaires sont en voie rapide d'épuisement. Les ressources de pétrole, par exemple, auront été pillée en un siècle (ce qui est extrèmement rapide à l'échelle de l'histoire de l'humanité comme à l'échelle de la constitution de ces mêmes réserves). Dans moins de dix ans ces ressources en pétrole seront épuisées. Or notre système est trop dépendant du pétrole ce qui nous fait croire que la chute sera brutale. La pub continue à nous vendre des voitures comme si de rien était. C'est la fuite en avant, alors que se dessinent déjà les bords du précipice. Nous disons qu'il serait sain d'arrêter de nous faire croire qu'on peut continuer à consommer comme cela. A l'idéologie de la "croissance infinie" nous opposons celle de la "décroissance soutenable". Nous avons été trop loin, pour éviter la chute vertigineuse et le chaos il faut impérativement changer de cap et nos habitudes de consommation. Ce n'est pas dogmatique, c'est bien réfléchi.

« Qui vous empêche de réfléchir et de décider seul ». La pub peut être comparer à un conseiller d'un roi : bien sûr le conseiller fera parfois tout ce qu'il peut, tronquera la situation, afin de faire triompher son avis. Mais, sans cet avis, et bien d'autres, le roi aurait pris une décision sans rapport avec la réalité. Ce qui fait un bon roi, ce qui fait un homme libre, ce qui fait une démocratie, c'est la capacité à faire la part des choses dans les informations et conseils reçus, la capacité à distinguer d'instinct et par raisonnement le vrai du faux. Le même comportement doit exister face à une publicité. Simple question d'éducation du sens critique en général, qui est tout à fait intégrer dans le programme scolaire.

Le problème est la disproportion entre les forces en présence. D'un côté il y a les multinationales qui ont les espaces (possèdent aussi les médias) et les moyens financiers de communiquer et de l'autre les citoyens qui n'ont ni les espaces ni les moyens. C'est probablement parce que vous n'avez jamais essayé de vous battre pour des idées que vous ne pouvez vous rendre compte de cette dramatique réalité. Vous croyez probablement qu'il suffit de se mobiliser pour être entendu, vous croyez probablement que nous sommes en démocratie et que chacun a la voix au chapitre mais rien n'est plus faux. Lorsque cinq cent mille personnes se mobilisent contre un sommet des puissants cela fait un petit article en page huit dans les principaux quotidiens et on y relate la chose comme un fait divers (sans aborder le fond), mais lorsqu'il s'agit de donner la parole aux présidents de multinationales des pleines pages leur sont consacrées. Mais sans vouloir m'étendre sur le sujet des médias et de leur contenu orienté, je reviendrais au rapport de force qui pour reprendre votre exemple devrait alimenter la réflexion du roi et le guider dans ses choix: Il y a-t-il équité entre le nombre de messages lancés par les multinationales et le nombre de messages envoyés par la société civile (politique) ? Non ! indubitablement non. Le déséquilibre est tel qu'on peut même dire que le politique (reconnu comme tel) est devenu accessoire. Or les patrons des multinationales tout en faisant du commerce font également de la politique, car leur discours influencent directement tous les citoyens (comme le roi). Mais les patrons, contrairement aux hommes politiques sont inattaquables. Si vous dites du mal d'eux vous choperez un procès. Il y a là, pour nous, un grave déficit démocratique. Pour que nous puissions encore nous croire en démocratie il faudrait remettre de l'ordre et redonner de l'espace d'expression aux citoyens (et aux hommes politique). C'est cet espace que squattent actuellement les commerciaux. C'est ce que nous dénonçons. Ce sont les commerciaux qui fixent le prix de la communication et qui la rendent impraticable à la plupart d'entre nous. Donc je n'ai rien contre votre point de vue, chacun doit pouvoir s'exprimer et se faire son opinion, mais il est inimaginable qu'un seul son de cloche couvre tout les autres sons. La démocratie ce n'est pas la loi de la jungle, ce n'est pas la loi du plus fort (ou du plus riche). Ce à quoi nous assistons est une perversion de la démocratie.

« La pub est laide. » Mais la publicité est un art, il est donc logique que des spécialistes, des « artistes », se développent, que des rassemblements populaires viennent l'admirer (La nuit des publivores), que des gens le trouvent laid et inutile, comme d'autres détestent la musique, le cubisme, l'impressionnisme, le roman d'amour, etc. C'est un art à l'origine étonnante, au but précis, mais la publicité n'en est que plus un art.

La pub n'est pas un art mais une technique. Beaucoup d'artistes ne parvenant plus à survivre de leur art se tournent vers la pub, mais c'est le "tout au marché" qui a créé cette situation. Si des gens aiment la pub, je n'ai rien à y redire et que des rassemblements tels que la "nuit des publivores" se déroulent ne me dérange pas. La "créativité" de la pub est tout sauf de l'art. C'est du calcul froid, c'est l'étude scientifique des impacts, du parcours de l'oeil sur une affiche, de l'effet de slogans sur un panel de cobayes. Elle donne l'illusion de l'art mais ce n'est qu'une illusion, rien n'est laissé au hasard ou à la poésie. Les techniques mises en oeuvre sont celles de la propagande. Mais bon, si vous voulez absolument considérer les techniques de manipulation comme de l'art, ce n'est pas un problème. Chacun de nous est assez grand pour aprécier les formes d'art comme il l'entend. La question est justement de laisser libre et de ne pas imposer. Si un peintre devait afficher ses oeuvres à des milliers d'exemplaires dans nos rues je parlerais également d'agression. L'art dans les galleries, pas dans la rue (ou alors en un seul exemplaire).

Vous semblez particulièrement remontés contre l'utilisation de mannequins dans les photos publicitaires. Je n'ai pourtant pas remarquer que le nombre de célibataires recherchant Vénus ait particulièrement augmenté ces dernières années, que les couples soient tous en permanente dépression d'être un couple si moche. Ces photos sont des fantasmes qui aident peut être même au contraire la réalité. Ce n'est pas parce que j'aurai eu sous les yeux, aussi longtemps que vous voudrez, la photo d'une magnifique mannequin ventant un produit, que ipso facto j'irai acheter ce produit et que de toutes les filles que je croise sur mon chemin, je me dirai « oh ! elle est bien moins belle que telle ou telle mannequin. » Non, j'aurai toujours autant envie d'aborder telle ou telle demoiselle et de fuir telle autre.

Pas plus particulièrement remonté contre ceci ou contre cela. Que les modèles imposés par la pub aient un impact sur les mentalités ne fait aucun doute. Nombre de filles se foutent la santé en l'air pour correspondre un tant soit peu au canon de beauté qui semble être la norme, c'est un fait dûment constaté. La question semble être plutôt de savoir en quoi claudia schiffer est pertinente pour symboliser l'information sur les qualités intrinsèque de la citroën qu'elle vante. En dehors de cette question, voir des milliers de claudia schiffer sur nos murs a un effet sur le type de "beauté" normative. Quant aux mannequins retouchés numériquement (corps d'adolescente avec visage de femme) donne une idée fausse de la réalité et incite les filles à tenter d'atteindre l'impossible et donc de se foutre inutilement la santé en l'air. C'est un effet pervers de la pub, un de plus. C'est loin d'être ce qui me préoccupe le plus.

« La publicité est bête. » Au risque de me répéter, cessez d'être dogmatique. De plus, en admettant l'existence de votre complot du néolibéralisme que vous posez comme inattaquable, je vous ferai remarquer que la pub est alors au contraire une stratégie intelligente visant à asservir le monde. La cohérence est nécessaire à une bonne argumentation.

Le discours et les slogans publicitaires confine très souvent à la bêtise la plus crasse. Ce n'est pas la stratégie que nous jugeons stupide.

Adolf Hitler disait dans "mon combat":

« Toute propagande doit être populaire et placer son niveau spirituel dans la limite des facultés d'assimilation du plus borné parmi ceux auxquels elle doit s'adresser. Dans ces conditions, son niveau spirituel doit être situé d'autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse. Mais quand il s'agit, comme dans le cas de la propagande pour tenir la guerre jusqu'au bout, d'attirer un peuple entier dans son champ d'action, on ne sera jamais trop prudent quand il s'agira d'éviter de compter sur de trop hautes qualités intellectuelles. »*

Nous ne jugeons donc pas du tout la publicité comme stupide, bien au contraire. Mais cela nous conduit certainement à dénoncer le discours bête et laid qu'elle utilise.

Dans vos « concrètement », j'ai déjà expliqué que vous vous trompiez sur la nature et le but de la pub. La pub ne « monopolise » pas l'espace publique et nos cerveaux (sauf le vôtre peut-être). La pub est présente dans nos rues comme l'art baroque en d'autres temps. Ce n'est pas choquer mais attirer votre attention, ce n'est pas flatter nos bas instincts mais plaire. Vous prêtez aux publicistes des intentions qu'ils n'ont pas.

Je crois déjà avoir répondu.

La pub ne véhiculent aucune idéologie. Elle est l'image parfois caricaturale de notre société, elle n'est pas « tout-au-capitalisme » à mon avis, mais si c'est que vous pensez, alors attaquez vous à la réalité pas à cette image (rejoignez par exemple le communisme triomphant de Karl Marx à Cuba, je crois me souvenir qu'ils ont interdit la pub).

Vous pensez qu'elle ne véhicule pas d'idéologie, nous bien. Pourquoi devrait-on toujours revenir au communisme dont les tentatives de réalisation se sont avérées des échecs ? L'avenir ce n'est pas le passé et l'idéologie à découvrir pour rendre possible un autre monde sont encore en gestation. C'est à chacun de contribuer à la construction d'une idéologie plus humaine. Le capitalisme est le pire des systèmes mais on en connait pas de meilleurs. Qu'à cela ne tienne, l'imagination humaine n'a pas de limite. Travaillons d'arrache pied pour donner un avenir à cette humanité menacée d'extinction par son mode de vie. C'est une question de survie. Cessez de nous envoyer des "marxistes" à la tête. Il n'y a pas que Marx ou le capitalisme.

La publicité, comme l'ensemble du système capitaliste, vise au bonheur MATERIEL. Il est évident que cela n'entraîne rien au niveau de l'esprit. Cependant, si vous achetez ce produit dont vous avez les moyens et le besoin, cela vous conférera un certain bonheur matériel, c'est incontestable.

A trop répéter inlassablement que le bonheur se trouve dans la consommation (et dans la satisfaction immédiate des envies) il y a bien une sérieuse incidence au niveau de l'esprit (et des mentalités). Cette société est justement beaucoup trop matérialiste et cela cause de grave problèmes. C'est ce que nous disons. C'est contre cette propagande que nous nous battons.

Les publicistes sont suffisants ? Je propose que vous regardiez la poutre dans votre oil avant la paille dans celle de votre voisin. Vous les « missionnaires » (vous vous qualifiez ainsi et vous espérer le retour du communisme à un endroit de votre site, je noterai cependant que ces deux idéologies ont été fertiles en massacres immondes), vous êtes chargés par vous-même des pleins pouvoirs pour libérer la masse de la population, que vous tenez pour stupide puisqu'elle ne participe pas à votre idéologie glorieuse, dans l'espoir d'un jour meilleur. Votre suffisance me paraît bien plus grandiose que celle des publicistes.

Allons, allons, ne nous énervons pas ! Lorsqu'on est convaincu qu'il y a un problème et qu'on essaie de se mobiliser ( ce qui , notez le bien, demande de gros efforts complètement bénévoles)on croit à ce qu'on fait. De là à se prendre pour les sauveurs de l'humanité il y a un grand pas…que vous faites à notre place. Nous ne pronons pas le "retour du communisme" mais nous voulons aller vers un monde plus juste et plus équitable où sera pris en compte le sort des générations futures. Nous agissons en citoyens responsables et non comme beaucoup qui démissionnent devant les difficultés. Nous ne savons pas comment sera dénommée l'idéologie porteuse qui pourra nous sortir du mauvais pas dans lequel s'est engagé l'humanité, mais nous travaillons à dessiner cette idéologie. Nous antipublicitaires ne sommes assurément pas les seuls sur cette voie, heureusement. Notre combat est une des branches de la révolution nécessaire à laquelle chacun est appelé à travailler. C'est en toute humilité que je sacrifie une bonne partie de ma vie (notamment pour répondre à ce courrier) dans le but de faire progresser les choses. Ce n'est pas prétentieux, je ne me prends pas pour dieu, je suis un activiste, un humble militant qui se bat pour plus de justice, parce que je souffre de voir tant de souffrance et de désolation. Si vous y voyez de la suffisance, détrompez-vous. Chacun doit agir avec sa conscience et comme le disait Ghandi: "celui qui voit un problème et qui ne fait rien, fait partie du problème". Je ne fais que me mettre en accord avec ma conscience.

J'ai quelques envies de continuer en dénonçant votre manifeste et les autres insanités qu'il proclame, mais je préfère remettre cela à un autre jour, afin d'éviter que vous vous sentiez insulter, ce qui empêcherait toute discussion rationnelle ce qui serait, à n'en point douter, dommage.

Je doute que vous trouviez beaucoup d'insanités dans ce manifeste, mais soit. Je m'interroge aussi sur les motivations de tant de hargne à notre égard. Travaillez-vous dans le secteur publicitaire ? Qu'avez-vous à gagner en prenant tellement parti pour un secteur d'activité qui finalement n'intéresse qu'une petite poignée de personnes ? Seriez-vous tellement malheureux si devait disparaître de nos rues tout ce tapage publicitaire ? Avez-vous si peu d'imagination pour ne point concevoir un monde harmonieux sans toute cette surenchère marchande ? Votre univers est-il à ce point réduit qu'il vous faut prendre la défense des plus gros capitalistes contre une poignée de militants antipublicitaires (à qui il est impératif de faire la leçon)? Quel est ce mystérieux point sensible que nous avons chatouillé chez vous ?

En espérant vous avoir aidé par ces quelques questions, toujours amicalement,

Je suis loin d'avoir exprimé tout le fond de ma pensée, mais j'espère vous en avoir donné une idée. J'espère également vous avoir aidé. Tout aussi amicalement,

Philippe