R.A.P. se lève contre l'inacceptable

Ce lundi 5 décembre un communiqué de presse du RIP a été envoyé.

Il faisait état de la position des publicitaires toujours désireux d'investir davantage l'espace public de leurs créations.

Vous avez été très nombreux à réagir, souvent de façon très virulente, en témoigne le courrier inspiré que nous avons reçu.

MERCI !

Aujourd'hui vous découvrez que l'association R.I.P. n'existe pas, enfin pas encore sous cette forme. Elle existe pourtant bien sous la forme d'un lobby puissant.

Dans notre pays, tenter de donner une apparence innocente au conditionnement des esprits, faire passer la pub pour de l'art, et prétendre qu'elle est indispensable, fait partie d'une idéologie grandissante.

Une situation inacceptable contre laquelle, tout comme vous, R.A.P. se lève.

Notre patrimoine naturel et social se dégrade rapidement derrière les panneaux publicitaires trompeurs.

L'important c'est de s'en rendre compte pour pouvoir réagir.

Les associations de citoyens préoccupées par cette dégradation accélérée de notre environnement sont malheureusement fortement freinées par un Système Publicitaire omniprésent jusque dans les rouages intimes de nos démocraties.

R.A.P. exige un vrai débat public afin de remettre la pub à sa place.

Notre ambition est d'alimenter ce débat avec de solides arguments capables de contribuer au recul nécessaire par rapport à la propagande, à la pensée unique, au formatage, opérés par les milliers de messages et stimuli publicitaires intrusifs auxquels chacun d'entre nous est exposé tous les jours. Ce recul aidera à se forger sa propre opinion. C'est de cette opinion que peut naître l'action. Une action indispensable pour que l'espace public reste le nôtre.


Pub pour enfants à la RTBF

R.A.P. demande, comme cela se fait en Suède, la suppression de toute pub destinée aux enfants.

En effet :

  • avant l'adolescence l'esprit critique des enfants est en formation et il n'est donc pas apte à s'exercer pleinement ;
  • si une réglementation stricte a été élaborée notamment pour ne pas inciter les enfants à reproduire des comportements dangereux c'est bien parce que ceux-ci sont influençables ;
  • la publicité est par nature manipulatrice ;
  • les publicitaires tentent toujours de contourner la loi, il appartient aux pouvoirs publics et aux citoyens de les en empêcher;
  • la plupart des publicités se déclinent sur le mode de la satisfaction immédiate d'un désir ;
  • la publicité façonne l'enfant comme (sur)consommateur et futur adulte centré sur son seul plaisir ;
  • le message véhiculé par la pub s'oppose très souvent aux principes éducatifs des parents ;
  • donner à l'enfant une place d'agent économique qu'il n'a pas bouscule l'équilibre familial ;
  • on ne peut pas croire aux vertus éducatives du matraquage publicitaire ;
  • il revient au service public d'avoir une optique citoyenne.
  • les citoyens contribuent à financer la télévision de service public beaucoup plus que les annonceurs. Ils sont en droit d'exiger un espace télévisuel « déminé » pour leurs enfants.

R.A.P. vous propose signer la pétition sur 5 MINUTES

La pétition est actuellement clôturée et a été remise à la Ministre Fadila Lanaan le 25 avril 2006. Vous pouvez prendre connaissance des détails dans le Dossier pétition pub-enfants RTBF


Pastiche de la pub du SOIR

D'aucuns nous reprocheront d'avoir utilisé les méthodes publicitaires que nous critiquons pour communiquer.

Avouons que nous n'avons pas pu résister à la tentation du 'second degré', c'est tellement amusant que même un quotidien de référence en fait un crédo qu'il affiche à tous les coins de la cité.

Mais plaisanterie mise à part, nous voulons aussi attirer l'attention sur l'évolution inquiétante des modes de communication engendrés par le système publicitaire. Il s'agit bien d'une surenchère permanente, de cynisme et de démagogie lourde. Nous nous demandons anxieusement chaque jour qui va pouvoir y mettre un terme.

Quand Le Soir confie sa communication à des mercenaires(1), quand la fin justifie les moyens, on peut craindre que la force de l'exemple modifie en profondeur la nature des échanges entre citoyens.

Si parler aux gens aujourd'hui c'est frapper pour atteindre des cibles, exploiter les sentiments, manipuler l'opinion pour l'écarter du vrai débat, nous nous rapprochons à grands pas des méthodes de propagande mises en œuvre dans les régimes totalitaires.

R.A.P. dénonce la logique publicitaire qui dénature et pervertit les médias. Les annonceurs, entre autres, y ont désormais un pouvoir et une influence tels que les débats, pourtant essentiels au bon fonctionnement de nos démocraties, ne peuvent plus porter sur le principal, c'est à dire sur cette place extravagante du pouvoir économique (ce pouvoir non-démocratique désormais plus important que le politique) et la dépendance des médias à son égard.

Espérons que Le Soir nous donne bien, selon son ambition, les moyens d'analyser de tels enjeux, et puisque le journal aime le second degré, publie le communiqué du R.I.P. en carte blanche.

Cordialement, R.A.P.

[1] La Mortierbrigade (agence de pub), spécialiste de la « guérilla marketing » et dont la devise, affichée sur son site web, est « confuse and conquer », soit en français : « semer le désordre et conquérir ».

« La communication doit porter - voilà le but à atteindre » écrivent encore les francs-tireurs de la Brigade Mortier.

Le chef de la propagande d'Hitler, Joseph Goebbels, écrivait lui  « Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet ».

Même si les contextes sont peu comparables, la ressemblance entre ces discours ne laisse-t-elle pas un certain malaise ?